Les 24 Heures du Mans s’apprêtent à souffler leur centième bougie. Ce monument du sport automobile mondial a construit sa légende au fil des années. En 1923, les fondations étaient posées. L’objectif était de terminer la course. Près de cent ans plus tard, ce désir reste partagé par les près de 200 pilotes qui s’élancent, chaque année, à l’assaut de la classique mancelle.
Le samedi 10 juin 2023, à 16h, les 24 Heures du Mans, 4e manche du Championnat du Monde d’Endurance de la FIA, fêtent leur Centenaire. Devant des tribunes pleines, suite au succès historique de la billetterie, la plus grande course d’endurance au monde célèbre cent ans d’histoire, d’innovations et de fête populaire.
Au programme du centenaire des 24 du Mans
Le jeudi 1er juin, une exposition unique au monde ouvre ses portes au Musée des 24 Heures du Mans. L’objectif est de réunir plus de 60 voitures ayant gagné ou participé aux 24 Heures du Mans.
Le vendredi 2 juin, débutent les traditionnelles vérifications techniques et administratives. Le « Pesage », installé Place de la République au Mans, constitue l’un des temps forts de la quinzaine. Cet événement continue le samedi 3 juin, avant une grande soirée de lancement organisée en ville. Cette cérémonie met à l’honneur les bénévoles, commissaires de piste et agents des collectivités œuvrant lors des 24 Heures du Mans, notamment lors d’une parade avenue du Général Leclerc.
Le dimanche 4 juin, les voitures entrent en piste avec la Journée Test. Pour la première fois, une course support, la Ligier European Series, se déroule lors de cette journée.
Le mardi 6 juin est une journée organisée pour le public. Sur le circuit, s’enchaînent respectivement la visite des stands, séance de dédicaces et pit stop challenge. Cette initiative, reconduite pour la seconde année consécutive, permet de mettre en avant les mécaniciens en les challengeant sur des changements de roues. Une belle mise en lumière pour ces personnes de l’ombre ! En fin d’après-midi, de nombreux pilotes viennent à la rencontre du public en centre-ville pour une séance de dédicaces.
Mercredi 7 juin, la compétition reprend ses droits. Après différentes courses support en matinée (Porsche Carrera Cup, Ferrari Challenge, Road to le Mans), les premiers Essais Libres et qualificatifs des 24 Heures du Mans prennent place. En parallèle de ces activités en piste, une grande exposition de voitures historiques de prestige débute en centre-ville du Mans. Enfin, le soir, le premier concert de la semaine se déroule sur le circuit.
Depuis 2020, le jeudi est synonyme d’Hyperpole. Cette séance spectaculaire laissera 24 concurrents (8 en Hypercar, 8 en LMP2 et 8 en LMGTE Am) rivaliser sur les 13,626 km du circuit, en pleine recherche de la vitesse pure, et sans contrainte de trafic. Afin de mettre en valeur les pilotes amateurs, cette séance est réservée aux pilotes Bronze dans la catégorie LMGTE Am.
A l’instar du mardi, la journée du vendredi est destinée aux spectateurs. Après les courses supports en matinée, la célèbre parade des pilotes traverse Le Mans à partir de 14h. La piste est par la suite ouverte au public. Un moment d’exception pour les spectateurs, qui peuvent fouler la piste des 24 Heures du Mans. Une activité accessible à toute personne en moyen de transport doux : à pied, à vélo, en trottinette ou en rollers. Afin de célébrer le Centenaire comme il se doit, un grand défilé prend place sur la piste en fin d’après-midi. Les plus célèbres voitures ayant participé aux 24 Heures du Mans retrouvent l’asphalte du circuit pour le plus grand bonheur des spectateurs. Puis un concert vient clôturer la journée.
Le moment tant attendu, le départ des 24 Heures du Mans, se déroule le samedi 10 juin à 16h. Avant cet instant crucial, de nombreuses animations viennent célébrer le Centenaire : défilé de voitures et de pilotes, présence de la Patrouille de France… Cette journée du samedi se clôture par le « Show du Centenaire » : un spectacle pyrotechnique et de drones suivis d’un concert exceptionnel.
Rendez-vous le dimanche 11 juin à 16h pour connaître le grand vainqueur ! Qui de Porsche, Ferrari, Toyota, Peugeot, Glickenhaus ou Cadillac remportera le Trophée unique réalisé par La Monnaie de Paris ?
Un siècle de Course
Peu d’événements sportifs peuvent se targuer d’un siècle d’existence. C’est le cas du double tour d’horloge sarthois, vite devenu la plus grande course d’endurance de la planète grâce à une histoire aussi atypique que riche.
Quand ils se sont retrouvés sous la verrière du Grand Palais en 1922, le secrétaire général de l’Automobile Club de l’Ouest Georges Durand, le journaliste polytechnicien Charles Faroux et l’industriel Émile Coquille s’imaginaient-ils que, cent ans plus tard, leur petite réunion parisienne défraient encore la chronique aux quatre coins du monde ? S’imaginaient-ils que ce que l’on appelait en 1923 le Grand Prix d’Endurance de 24 heures – Coupe Rudge-Whitworth allait devenir la plus grande course d’endurance du monde ?
Les qualificatifs utilisés sont forts, mais à la hauteur du mythe qu’est devenu cet événement au fil des ans. Un circuit de 17 kilomètres qui a évolué mais qui est toujours d’une longueur inhabituelle, les affres de la nuit, parfois les intempéries… Tous les grands constructeurs mondiaux – généralistes comme sportifs – sont depuis venus dans la Sarthe, tester la robustesse de leur machine, utiliser la course comme un vecteur marketing à même d’accroître leur notoriété, battre des records de vitesse ou de distance et plus encore faire étalage aux yeux du grand public de leurs prouesses technologiques. Terre d’exploit pour Bentley dans les années 20, Alfa Romeo dans les années 30, la classique mancelle a même survécu à la Deuxième Guerre mondiale malgré les dégâts conséquents engendrés sur site. Preuve qu’elle avait déjà à l’époque, une place à part dans le patrimoine français. À la suite du tragique accident de 1955 ayant causé de nombreuses victimes, des travaux de grande envergure sont réalisés afin de rendre le circuit plus sûr. La sécurité, voici un thème qui a toujours été au centre des préoccupations de l’ACO.
Jaguar et Ferrari ont particulièrement brillé dans les années 1950, avant que le géant Ford choisisse Le Mans pour venir, sur la piste, laver l’affront que lui avait fait la marque italienne, qui avait repoussé manu militari l’offre de rachat de la firme à l’ovale bleu. Un épisode magnifié dans le film Le Mans 66 de James Mangold, sorti en 2019, avec Matt Damon et Christian Bale dans la peau de Carroll Shelby et Ken Miles. Des acteurs justement, il y en eut pléthore sur le circuit. Steve McQueen est venu y tourner l’un de ses chefs d’œuvre, alors que Paul Newman a lui tout simplement failli remporter l’épreuve en 1979. Une décennie 70 qui a vu un ogre commencer à faire de ce circuit son jardin : Porsche, qui détient aujourd’hui le record de victoires avec 19 triomphes au compteur.
Mais Le Mans, c’est aussi des histoires humaines. L’exploit de Louis Rosier, qui aurait passé 23h30 au volant de sa Talbot pour s’imposer en 1950, ou encore celui de Henri Pescarolo, remonté à la deuxième place dans la nuit et sous la pluie, en 1968, à bord d’une Matra en panne d’essuie-glace. Une liste non exhaustive sur laquelle figure également le Sarthois Jean Rondeau, seul pilote vainqueur au volant d’une voiture de sa propre conception en 1980. Et ce face à des Porsche officielles, dont une confiée à un certain Jacky Ickx. Le Belge – alias M. Le Mans – a longtemps été le recordman de victoires. Nous nous sommes même demandés s’il serait possible de le détrôner. En décrochant neuf succès en 18 participations seulement, dont sept avec Audi dans les années 2000, Tom Kristensen a prouvé que les records étaient faits pour être battus, et le sien pourrait également, un jour, être effacé des tablettes.
Enfin, Le Mans, c’est une ville. Voire même une région, qui vit à l’unisson de la course, de sa course, qui lui permet de rayonner à travers le monde. Des locaux, des commerçants qui se mettent au diapason de leur épreuve fétiche, à laquelle ils participent tous de près ou de loin. Rares sont les anciennes familles mancelles à ne pas compter dans leur rang un aïeul ayant participé à la grand-messe de la mi-juin, derrière le volant, dans l’organisation, en tant que mécanicien voire en tant que commissaire ou bénévole. Des commissaires, qui étaient encore près de 1 600 en juin 2022, lors de la 90e édition, et sans qui il serait impossible de lâcher ces 62 bolides en piste.
La sécurité et la technologie, tels ont été les deux chevaux de bataille de l’Automobile Club de l’Ouest depuis sa création en 1901. Aujourd’hui, l’avenir s’écrit avec l’Hydrogène, et cet organisme qui n’était il y a 100 ans qu’un petit club automobile régional s’inscrit encore comme le précurseur avec ce nouveau mode de propulsion. Pour aller plus loin, plus vite, plus longtemps et pour que la légende continue de s’écrire, encore et encore, comme l’avaient rêvé les trois instigateurs de cette épreuve hors normes