Le conservatoire Berliet, situé à Montellier dans l’Ain, conserve dans sa collection des véhicules industriels, des automobiles et moteurs composant la mémoire industrielle française.
La fondation Berliet est créée en janvier 1982 par les descendants de Marius Berliet. Le conservatoire n’est pas un musée. Nous avons toutefois la possibilité de le visiter en groupe de 15 personnes minimum. La fondation propose au grand public des visites 1 fois par mois sur inscription sur le site de la fondation, les places étant limitées, les inscriptions sont très vites complètes.
Marius Berliet
Marius Berliet a construit sa première voiture en 1895, 300 voitures sont produites. En 1905, il vend 3 licences de ses voitures à l’American Locomotive Compagny ce qui lui permet de prendre son essor industriel. La locomotive chasse-buffle fabriqué par Alco devient l’emblème de la marque Berliet.
Au conservatoire Berliet, on découvre tous les exemplaires de voiture produite par Berliet.
Des véhicules industriels et historiques uniques
La région Rhône-Alpes est le berceau industriel de 150 marques de camions et de voitures. Les véhicules étaient réputés pour leurs robustesses et leurs puissances conçus pour les routes de montagne du Dauphiné et des Alpes. La fondation Berliet conserve l’ensemble des véhicules conçus par des marques françaises.
Durant la première guerre mondiale, Berliet a produit 15000 camions CBA, simple, robuste et économique, il est très apprécié par l’armée française. Il a acheminé hommes, vivres, matériel et munitions jusqu’au front de la bataille de Verdun.
Outre les camions Berliet, l’armée française a utilisé d’autres camions notamment le Latil TP 4×4 à partir de 1913, doté d’un moteur 4 cylindres de 35 ch. Il peut atteindre une vitesse de 15 à 24 km/h selon la charge. Il a une transmission 4×4, seules les roues avant sont directrices.
Le Berliet CBA 9 de 1920 est un camion porte alambic. Il a un moteur 4 cylindres de 5,2 litres. Il a une charge utile de 5 tonnes et il est doté d’un régulateur de vitesse. Ce CBA 9 est équipé d’un alambic de forte capacité à 3 cuves de refroidissement pour la distillation en mode ambulatoire. Il se déplaçait de villes en villages pour le compte de bouilleurs de crus locaux.
Moteurs Diesel
En 1930, Marius Berliet est convaincu que le moteur Diesel est l’avenir du transport routier. Il achète donc la licence de Arco. Cependant, la réalisation de son premier moteur Diesel, présenté en 1931, est un échec. Il équipera les autobus dès 1932, juste quelques exemplaires seront vendus. Le manque de fiabilité des moteurs pousse Berliet a acheter en 1935 la licence Ricardo.
Les véhicules de Laffly ont équipé la Colonne Leclerc. Ils sont tous terrains pour le transport de troupe et ont la particularité de pouvoir franchir les obstacles à l’aide de deux trains de petites roues placé à l’avant et à l’arrière. La carrosserie est articulée en trois parties.
Pendant la seconde guerre mondiale, Berliet et Rochet-Schneider sont les seuls constructeurs en zone libre. Berliet tente par tous les moyens de continuer à faire fonctionner ses unités de production malgré une situation difficile dû à l’occupation de la France. Il fournit des milliers de camions équipés de gazobois aux transporteurs en zone libre. Certains de ses cadres sont prisonniers en Allemagne et 435 ouvriers sont envoyés au STO. Une commande de 1000 tracteurs à chenilles est passée par les autorités allemandes mais ne peut être exécutée qu’après le retour de ses ouvriers prisonniers en Allemagne. Paul le fils de Marius Berliet cache 150 tonnes de cuivre et d’étain, il sera dénoncé et manque de peu d’être arrêté. La villa Berliet est réquisitionnée par l’armée allemande. Berliet et Rochet-Schneider sont mis en demeure de fournir du matériel aux Allemands. A la libération, les usines Berliet sont mises sous séquestre tout comme les biens de la famille Berliet. Marius Berliet et ses fils sont jugés pour collaboration, emprisonné et interdit de séjour dans la région Lyonnaise. Les usines vont fonctionner en autogestion par les ouvriers. L’entreprise vivote, des grèves perdurent, il faudra attendre l’intervention du général de Gaulle pour que la famille Berliet puisse récupérer son entreprise en 1949.
Berliet T100
Le Berliet T100 est un camion de 50 tonnes et de 700 ch. Conçu pour la recherche de gisements d’hydrocarbures dans le Sahara alégrien, il a été construit en 4 exemplaires. Le modèle exposé est le numéro 2.
Les trentes glorieuses
Paul Berliet est nommé directeur général adjoint en 1954 et président des automobiles Marius Berliet en 1962. Il modernise les moyens industriels de l’usine de Vénissieux et élargit la gamme de véhicules. Outre les camions, Berliet produit aussi des autocars, des bus pour la RATP, des trolleybus.
Des véhicules militaires, des véhicules d’incendie et des véhicules pour les services municipaux sont également produits.
L’industrie du poids lourds est en crise en 1967 et Berliet connaît d’importants changements. Cette même année, Berliet s’associe à Citroën (propriété de Michelin). En 1955, naît Saviem issue de Latil, rejoint par Continental en 1965 puis par Sinpar en 1975. En 1974, Citroën est en difficulté financière, l’État français décide de restructurer l’industrie du poids lourds. C’est en 1978, que Berliet et Saviem fusionnent pour créer le seul constructeur français de poids lourds, Renault Véhicules Industriels. Toutefois les noms de Berliet et Saviem sont conservés jusqu’à fin avril 1980. Le groupe prend le nom de Renault Truck après son rachat par Volvo en 2001.
Les Véhicules reconnus patrimoine historique
Dans une partie du grand hanger, on découvre des modèles de véhicules reconnus patrimoine historique. Latil a imaginé le premier véhicule à traction avant avec un système comprenant le train avant, la motorisation et ses commandes que l’on peut fixer sur des véhicules hippomobiles en remplacement de l’essieu avant.