Le salon Epoqu’auto 2024 a une nouvelle fois réuni des milliers de passionnés d’automobiles et de motos, venus découvrir la richesse du patrimoine roulant, à travers des expositions exceptionnelles. Par tradition, le salon met en avant deux grands plateaux qui ont marqué les esprits cette année : l’un dédié aux utilitaires et l’autre aux motos. Retour sur ces collections rares qui témoignent de l’évolution des véhicules au fil des décennies.
Le plateau utilitaires : Un voyage à travers l’histoire du transport
Le plateau utilitaire est aussi impressionnant que les années précédentes. La fondation Berliet, fidèle à sa mission de préservation du patrimoine, présente plusieurs modèles iconiques de la célèbre marque lyonnaise. L’un des véhicules les plus remarquables de l’exposition est sans doute le Berliet M de 1910, un camion classé monument historique. Ce modèle, premier camion de la marque conçu pour transporter une charge utile de 3,5 tonnes, est équipé d’un moteur de 4,5 litres et d’un radiateur en nid d’abeille, caractéristiques innovantes pour l’époque. Le système de freinage était avant-gardiste, utilisant à la fois la boîte de vitesses et l’essieu pour un meilleur contrôle, et la cabine avancée offrait une ergonomie accrue pour ses conducteurs.
Un autre véhicule impressionnant est le Berliet Type AK4 de 1911, un petit utilitaire surnommé « coupé docteur ». Ce modèle était destiné aux médecins de campagne, leur permettant de collecter les dons des patients dans sa caisse arrière. Il était équipé d’un moteur 4 cylindres vertical de 1,5 litre de cylindrée, d’une boîte de vitesses à quatre rapports avant et un arrière, et d’une transmission par cardan. Ce véhicule se distingue non seulement par sa fonctionnalité, mais aussi par sa faible consommation, un atout considérable pour les déplacements ruraux à l’époque.
Bien que la marque Berliet soit à l’honneur, le plateau utilitaire ne se limite pas à cette seule marque. Les visiteurs peuvent également découvrir une Camionnette Rochet-Schneider 12 HP de 1912, une Camionnette porte-fût Luc Court H4 de 1910 ainsi qu’un Roadster Cottin Desgouttes TA de 1926. Ces véhicules rares rappellent l’ingéniosité des constructeurs locaux dans un secteur en pleine évolution au début du XXe siècle.
Le cinéma trouve également une place de choix dans ce plateau utilitaire, avec une sélection de véhicules ayant fait leur apparition dans le célèbre film Cent Mille Dollars au Soleil sorti en 1964. Ce film, dans lequel Jean-Paul Belmondo et Lino Ventura poursuivent une aventure palpitante à travers l’Afrique, voit plusieurs modèles de camions Berliet prendre vie à l’écran. Le Berliet GBC8 6X6 Gazelle rouge de 1959 conduit par Lino Ventura, et le Berliet TLM10M2 vert de 1961, au volant duquel Jean-Paul Belmondo évolue dans le film, font partie des vedettes de l’exposition. Les visiteurs pourront également admirer le Berliet TBO 15 bleu foncé de 1967, modèle emblématique piloté par Bernard Blier dans le film.
Le club PTRA présente une collection de camions gazobois de fabrication française, déjà aperçus lors de leur rassemblement à Saint-Pierre-de-Boeuf. Parmi les modèles exposés, on retrouve le Renault AHN (1942), le Citroën U23 (1947), ainsi que deux Berliet VDC d’avant-guerre (1938 et 1940). D’autres véhicules remarquables sont également au rendez-vous, comme le Pinardier Berliet de 1959, le Fainéant de Renault (1957), qui se distingue par son moteur placé sous la cabine, et un rare Renault EP (1916), un 4 cylindres essence dans un état d’origine exceptionnel, sorti tout droit d’une grange. Pour compléter cette belle exposition, une chenillette amphibie Hotchkiss type Castor HB40 sera également présente.
Une rétrospective de l’histoire motocycliste
La première section du plateau est dédiée aux motos BMW ayant servi dans les rangs de la Police française. Ces motos, présentées par le Club moto de la Police, font partie d’un héritage précieux qui témoigne du lien de longue date entre BMW et les forces de l’ordre. À l’origine, l’exposition devait inclure également des modèles de la Gendarmerie nationale. Malheureusement, ces motos d’époque ne sont pas présentes.
Parmi les modèles de BMW exposés, une moto attire particulièrement l’attention. Contrairement à la majorité des modèles réformés et retirés du service, cette moto n’a pas quitté les rangs de la Police. Conservée en excellent état, elle a été offerte au Club moto de la Police, où elle continue d’incarner l’histoire de BMW dans la Police. Cette moto devient ainsi un symbole de la collaboration entre BMW et les forces de l’ordre françaises, témoignant de décennies de confiance dans la robustesse et la fiabilité de la marque.
Eric de Thomasson exposait également les motos de sa collection privée où l’on découvrait des modèles emblématiques de la marque.
La deuxième partie du plateau est dédiée aux moteurs Chaise, des pièces d’ingénierie qui ont marqué les motos françaises pendant plusieurs décennies. Conçus par Jean Michel Paulik, une référence dans le domaine, ces moteurs incarnent l’innovation et la performance dans une époque où la France brillait dans le monde de la moto.
Cette rétrospective permet de découvrir des modèles emblématiques équipés de moteurs Chaise, représentant l’âge d’or de la moto en France. Les visiteurs peuvent admirer des marques telles que Dollar, New Map, Rhonyx, Radior, MGC, Stella, Thomann, Stylson, Majestic, Kohler Escoffier, Durandal, BCR, Helyett, Winster, Ninon, et La Vivaraise. Bien que certaines de ces marques soient moins connues aujourd’hui, elles ont toutes contribué à faire de la France un acteur majeur de la motocyclette au XXe siècle. Ces machines se distinguent par leur élégance, leur robustesse et leur ingéniosité, reflétant une époque de créativité et d’innovation technique.
Les moteurs Chaise ont permis à ces marques de proposer des modèles variés, tant pour les usages quotidiens que pour les compétitions. Cette rétrospective met en lumière non seulement la qualité technique de ces moteurs, mais également leur contribution à la diversité des styles et des conceptions de la moto française de cette époque.
La dernière étape de ce voyage à travers l’âge d’or des motocyclettes se consacre à une riche collection de machines tout-terrain des années 70, exclusivement européennes. Celles-ci se divisent en deux grandes catégories : le trial d’un côté, et l’enduro et le cross de l’autre. Pour la première, les visiteurs peuvent découvrir des marques espagnoles emblématiques de cette époque, telles que Bultaco et Montesa, mais aussi des modèles du constructeur italien SWM et des motos des marques anglaises Cotton et Greeves. Du côté de l’enduro et du cross, les mêmes constructeurs espagnols sont bien représentés, rejoints par l’Autrichien KTM, le Suédois Husqvarna et le Français Portal.