Dans le tumulte d’un marché automobile en pleine mutation, la Régie Renault frappe fort à l’automne 1957 en dévoilant au Salon de Paris une version affûtée de sa populaire Dauphine : la Dauphine Gordini. Derrière une silhouette presque inchangée, se cache une mécanique revue avec soin, signée du préparateur de génie Amédée Gordini.



La Renault Dauphine, déjà plébiscitée pour ses qualités de tenue de route, sa vivacité et son design avenant, séduit le public depuis sa sortie. Mais chez certains automobilistes, un désir de performances plus musclées se fait sentir. Renault entend répondre à cette attente : offrir à sa citadine une âme de sportive. Le projet est alors confié à Amédée Gordini, figure emblématique de la préparation automobile française. Résultat ? Une version affûtée qui garde son apparence sage mais cache, sous son capot arrière, un tempérament plus fougueux.
Esthétiquement, la Gordini ressemble à s’y méprendre à la Dauphine classique. Seules quelques signatures apposées sur l’aile avant droite et le capot trahissent son pedigree. Pourtant, dès son lancement, l’engouement est palpable : 1 500 commandes sont enregistrées dès les premiers jours. Le public ne s’y trompe pas.
Un moteur retravaillé avec précision
Sous la carrosserie, les retouches mécaniques ne révolutionnent pas la machine, mais elles la transfigurent suffisamment pour lui donner une autre dimension. Le petit moteur 4 cylindres de 850 cm³ est porté à 38 ch grâce à une série de modifications bien pensées. Nouvelle culasse redessinée, chambres de combustion en V, soupapes renforcées, carburateur Solex 32 avec starter électrique, tubulures spécifiques : tout est fait pour optimiser le souffle du moteur sans sacrifier la fiabilité.



La boîte de vitesses, quant à elle, reste logée dans le carter d’origine, mais se distingue par sa douceur et sa précision. Trois des quatre rapports sont synchronisés, et le passage des vitesses se fait sans accroc, même lors d’une conduite plus sportive. Un détail montre le soin apporté à la conception : la marche arrière ne peut être engagée accidentellement, un vrai gage de sécurité pour l’époque.
Produite de 1958 à 1968, elle incarne l’esprit d’une époque où sportivité et accessibilité pouvaient faire bon ménage. La Dauphine Gordini reste aujourd’hui un emblème de l’ingéniosité à la française, et un bel exemple de la rencontre entre savoir-faire populaire et passion mécanique.
Crédit photos : Renault, Vintage Road Trip