Dans l’histoire de l’automobile, peu de modèles incarnent à la fois l’élégance intemporelle et la robustesse technique comme la Mercedes-Benz SL série W 113, affectueusement surnommée « Pagode ». Ce surnom, qui évoque les temples asiatiques, fut attribué pour la première fois en Italie et s’imposa rapidement dans le lexique des passionnés. Plus qu’un simple véhicule, la « Pagode » est une fusion parfaite entre ingénierie, design et performances.
L’élément distinctif de la SL W 113 est sans conteste son toit concave, imaginé par Paul Bracq, célèbre designer chez Mercedes-Benz. Ce choix esthétique n’est pas seulement un hommage à l’architecture asiatique, mais aussi une prouesse technique. Béla Barényi, ingénieur de génie, expliqua que cette courbure inversée augmentait la stabilité structurelle du véhicule. Cette innovation, bien qu’impressionnante, est plus esthétique que fonctionnelle au quotidien, car peu de conducteurs utilisent un porte-bagages sur ce type de toit.
Le design global de la « Pagode », caractérisé par des lignes simples et légères, traduit une élégance intemporelle. Des décennies plus tard, Paul Bracq qualifiait encore son œuvre de « parfaite », et les amateurs de voitures classiques ne pourraient être plus d’accord.
Au-delà de son apparence, la « Pagode » est pionnière en matière de sécurité. Grâce au travail de Barényi, la W 113 est dotée de la carrosserie révolutionnaire avec zones de déformation avant et arrière, introduite pour la première fois en 1959 sur la série 111. Ce concept de « cellule de survie » protège les occupants en cas de collision, une innovation remarquable dans le monde des voitures de sport, souvent critiquées pour leur manque de sécurité.
Présentée au Salon de Genève en mars 1963, la 230 SL, premier modèle de la série W 113, prend la relève des légendaires 190 SL et 300 SL Roadster. Avec son moteur six cylindres de 2,3 litres délivrant 150 chevaux, la 230 SL propose une conduite dynamique tout en restant confortable et pratique. Ni trop spartiate comme un roadster pur et dur, ni trop docile comme une voiture de grand tourisme, elle s’impose comme un compromis parfait.
Mercedes-Benz continue d’améliorer la série W 113 avec le lancement du 250 SL en 1967, puis du 280 SL en 1968. Ce dernier, avec un moteur de 2,8 litres et une puissance de 170 chevaux, devient l’apogée de cette gamme.
Une danseuse sur le rallye Spa-Sofia-Liège
La « Pagode » n’est pas qu’un chef-d’œuvre de design ; elle a également brillé en compétition. En 1963, la Mercedes-Benz 230 SL triomphe au rallye Spa-Sofia-Liège, une épreuve de 5 500 kilomètres à travers l’Europe, grâce au talent d’Eugen Böhringer et Klaus Kaiser. Ce rallye, réputé pour sa difficulté extrême, met en lumière les capacités exceptionnelles de la SL. Böhringer surnomme la voiture une « danseuse », louant sa maniabilité supérieure à celle des berlines plus grandes.
Un succès durable et un classique intemporel
La production de la W 113 prend fin en mars 1971 après la fabrication de 48 912 exemplaires, répartis entre les trois modèles. Aujourd’hui, la « Pagode » est une des voitures classiques les plus recherchées de la marque, un symbole de raffinement et de fiabilité. Son attrait ne se dément pas, notamment grâce à la disponibilité des pièces d’origine via Mercedes-Benz Classic, qui garantit l’authenticité et la préservation de ces véhicules d’exception.
La Mercedes-Benz W 113 incarne un âge d’or de l’automobile où style et innovation allaient de pair. Son héritage dépasse largement ses performances techniques et son succès commercial. Elle reste une source d’inspiration pour les designers et une icône pour les amateurs de voitures anciennes. Aujourd’hui encore, croiser une « Pagode » sur la route, c’est un peu comme apercevoir un temple roulant, alliant beauté et histoire.