Après la seconde guerre mondiale, la France est en ruine et la pénurie de matières premières affecte l’industrie automobile. Le plan Pons a pour but d’harmoniser la production automobile en fonction des moyens disponibles. Entre-temps Renault devient une régie nationale et doit fabriquer des voitures populaires, des utilitaires légers et des poids lourds.
En 1947, Renault réfléchit à la création d’un véhicule utilitaire se plaçant entre la juvaquatre et la camionnette 1000 kg. L’étude de ce véhicule de 800 kg, imaginé dès 1946, obtient l’aval de la direction de Renault en 1947.
Son design s’inspire des véhicules américains de l’époque. Ce nouvel utilitaire vise une clientèle rurale et coloniale. La pénurie de matière première fait que la carrosserie choisie est de type “woody” avec une caisse de type break dont la partie arrière est composée de bois dur permettant d’économiser l’acier. Mais ce type de carrosserie reste un solution trouvé pour cette période de pénurie, une carrosserie tout en acier est aussi prévue pour éviter le ravage des termites dans les colonies. En 1949, les lignes du véhicule sont abouties rappelant la 4cv pour créer un effet de gamme. Une présérie de véhicule est fabriquée début 1950.
Son nom “Colorale” vient de la contraction de coloniale et de rural.
Le véhicule est prévu dans une déclinaison de carrosserie : break rural classique, break colonial avec la partie arrière comportant des flancs toilées, taxi, pick-up et châssis cabine.
Ce véhicule est solide et robuste. La Colorale est dotée d’un châssis dérivé de celui de la camionnette 1000 kg. Les principaux organes viennent de la camionnette 100 kg comme les trains roulants, l’essieu rigide à l’avant, un pont classique à l’arrière et le moteur “85” latéral dont son nom provient de sa côte d’alésage de 85 mm.
Le moteur quatre cylindres affiche une cylindrée de 2583 cm3 à 2800 tr/min délivrant une puissance de 48 chevaux.
La Colorale est dotée d’une boîte de vitesses à quatre rapports , seule la troisième et la quatrième sont synchronisées.
La présentation
La Colorale est présentée au public du salon automobile de Paris en octobre 1950. La Colorale remporte un franc succès auprès des visiteurs. Cet utilitaire est décliné en cinq versions : un break rural surnommé Prairie, un break colonial avec ses flancs toilés nommé Savane, un taxi, un pick-up, une fourgonnette tôlée et un châssis-cabine.
La Prairie
La Colorale Prairie est la version break de la série. Dotée de quatre portes qui s’ouvrent en son sens opposé deux à deux. Ce véhicule peut accueillir jusqu’à six personnes dont trois à l’avant et trois sur la banquette arrière. Un strapontin disposé à l’arrière gauche du véhicule peut recevoir un septième passager. Un grand coffre offre suffisamment de place pour les bagages des usagers. L’intérieur de la Colorale Prairie reste simple et robuste pour s’adapter à son usage. Le véhicule comporte quatre vitres descendantes et un levier de vitesses au volant. La Prairie est le modèle le plus commercialisé de la série.
La Savane
La Savane dispose de la même caisse que la Prairie mais sa peinture est de couleur sable avec un pavillon blanc. Elle ne comporte que deux portes, des flancs toilés et un pare-brise ouvrant. Le véhicule est adapté à un usage dans les colonies de l’union française.
Au départ, seulement trois versions de la Colorale sont disponibles : la Prairie, la Savane et le Taxi à cause de la difficulté de la mise en fabrication. Par la suite, d’autres versions sont proposées : la fourgonnette, le pick-up et le châssis-cabine. A l’automne 1951, 11500 Colorale sont produites. Les prix sont supérieurs à la concurrence ce qui expliquerait une partie de son échec commerciale. En 1951, la Régie Renault revoit son prix de vente avec des modèles de la Prairie et de la Savane dépouillées. En juin 1952, Renault présente la Colorale dans une version 4×4. Mais en 1954, les ventes de la Colorale ne sont toujours pas au rendez-vous. Renault propose un nouveau pick-up avec une carrosserie simplifiée ainsi qu’une version Savane auto-école à double commande. Au salon de l’automobile de 1954, des versions Prairie Service et Union Française sont présentées.
La Colorale est définitivement arrêtée le 13 février 1956 avec 38850 exemplaires produits entre 1950 et 1956.
