La Renault Estafette est une fourgonnette produite de 1959 à 1980. C’est le véhicule utilitaire emblématique des trente glorieuses.
Renault a déjà eu par le passé des véhicules à destination des professionnels. Dans les années 50, l’attente des artisans et des commerçants évolue. Il y a bien une place entre le fourgon 1000 kg et la fourgonnette Juvaquatre. En 1953, le bureau d’étude travaille sur la conception d’un nouvel utilitaire en reprenant le maximum d’éléments de la Dauphine dont les premiers exemplaires de cette voiture sont commercialisés en 1955.
Une mécanique innovante pour la Régie Nationale Renault
L’ingénieur Guy Grosset-Grange décide de positionner le moteur à l’avant et de faire de l’Estafette une traction avant. A l’inverse de Volkswagen Combi où le moteur 4 cylindres à plat a un seuil de chargement très haut bridant une utilisation optimale du compartiment arrière. Chez Renault ce sera une solution plus rationnelle de l’espace. La partie arrière est donc libérée des organes mécaniques permettant une surface de chargement basse.
Partant des éléments de la Dauphine, les ingénieurs renversent le moteur Ventoux de 845 cm3 pour le placer en porte à faux à l’avant. Le moteur est situé entre les deux sièges et abaissé au maximum, prolongé par un ensemble boîte-pont (adapté de la traction avant).
Toute la mécanique est posée sur un faux-châssis, permettant un montage démontage plus facile. A l’arrière, il n’y a que le réservoir d’essence et la batterie. Pour corriger le déséquilibre des masses, deux gueuses en fonte sont installées.
Les essais sur route débutent en 1956 à travers l’Europe et l’Afrique du Nord. Près de 2 millions de km sont parcourus en 3 ans.
L’Estafette a des lignes un brin joufflues. Son compartiment arrière de 6,1 cm3 de volume est utilisable sur une surface de chargement de 3,8 m2 évoluant au fil des années. L’Estafette avec un toit surélevé de 28 cm est commercialisé à partir de 1959. En 1965, l’utilitaire est proposé dans une version allongée de 25 cm.
A l’arrière, trois portes permettent un chargement aisé mais peuvent aussi se transformer en comptoir de magasin. Sur le côté droit, une porte latérale coulissante permet d’accéder au compartiment sans passer par les portes arrière.
Cinq versions sont disponible à partir de 1959 :
- La zone bleue, particularité français venue de la législation du stationnement interdisant les utilitaires de plus de 500 kg de charge utile en ville.
- Le fourgon 600 kg
- Le fourgon surélevé
- Le pick up baché
- Le Microcar 9 places
L’offre d’Estafette est évolutive et on trouve des véhicules adaptés pour tous les usages : magasins, ateliers, ambulances, camping-car etc.
L’Estafette se démarque également par des couleurs vives notamment l’orange, le jaune et le bleu mais on le trouve aussi dans des couleurs plus neutres.
Dans les années 60, la mécanique et la charge utile évoluent
En mai 1962, la motorisation de l’Estafette évolue avec un moteur Sierra et sa charge utile est augmentée de 200 kg. En septembre 1968, l’Estafette adopte un nouveau moteur 4 cylindres de 1289 cm3 et sa charge utile va jusqu’à 1000 kg.
L’Estafette Alouette
Dès 1961, l’Estafette Alouette est commercialisée. L’Alouette est entièrement vitrée pouvant servir d’utilitaire la semaine et de véhicule familial le week-end. Des banquettes faites de tubes et de toiles peuvent être installées dans le compartiment arrière.
L’administration française est équipée de véhicules de la Régie Nationale Renault notamment la bien connue Estafette qui équipe la Gendarmerie pendant de longues années. L’Estafette est donc équipé selon leur besoin avec une table pliante, une radio et un gyrophare sur le toit orange au départ puis plus tard il est de couleur bleu.
La Renault Estafette voit sa production s’arrêter en 1980 après 533 209 exemplaires vendus pour être remplacé par le Renault Trafic
Crédit photos : Renault