L’arbre vertical du moteur Porsche

En 1952, Porsche modifie radicalement la manière de concevoir les moteurs de ses voitures de compétition, en introduisant un composant qui allait se révéler être l’âme même du succès sportif de la marque pendant plusieurs décennies. La pièce en question ? L’arbre vertical est une innovation mécanique qui a transformé le moteur à quatre cylindres à plat de Porsche en un monstre de performance.

L’arbre vertical, d’une longueur de 16,8 centimètres et d’apparence peu spectaculaire, est l’une de ces inventions discrètes mais déterminantes qui n’attirent pas immédiatement l’attention des amateurs de voitures. Pourtant, ce petit composant a été la clé pour que Porsche devienne une légende du sport automobile.

À l’extrémité de l’arbre vertical se trouvent deux couronnes coniques, qui lui donnent son nom et sa fonction. Ces couronnes permettent une déviation du mouvement de rotation à un angle de 90 degrés. Mais la véritable magie opère dans la manière dont l’arbre vertical gère la transmission de puissance dans le moteur à quatre cylindres à plat, particulièrement pour les moteurs destinés à la compétition. Le moteur Porsche Type 547, qui en découle, devient ainsi une machine capable de supporter des régimes moteur extrêmement élevés, tout en garantissant une précision redoutable dans le contrôle des soupapes – même sous une charge maximale.

L'arbre vertical du moteur Porsche

L’héritage du moteur à plat

L’histoire de l’arbre vertical commence bien avant son introduction dans les années 1950. Dès 1934, Ferdinand Porsche est à la tête du projet du Porsche Type 60 pour Volkswagen, mieux connu sous le nom de VW Coccinelle. À cette époque, le moteur à quatre cylindres à plat est déjà en place, mais sans l’arbre vertical. Ce dernier est né des réflexions d’Ernst Fuhrmann, ingénieur visionnaire et futur président de Porsche, qui rejoint la marque en 1947.

C’est en 1950 que Fuhrmann se lance dans la conception de l’arbre vertical, dans le cadre de ses recherches sur le système de distribution pour moteurs à combustion rapide. En 1952, les fruits de ses travaux apparaissent dans le moteur Type 547, une référence pour la maison Porsche. L’innovation ? Une distribution par arbre à cames supérieures, rendue possible par l’utilisation de l’arbre vertical pour transférer la puissance du vilebrequin aux arbres à cames dans la culasse, un procédé unique qui transforme un moteur standard en une machine de course d’exception.

Les premiers pas en compétition

Lorsque Porsche se présente pour la première fois à la Carrera Panamericana en 1954, il le fait avec un 550 Spyder propulsé par le moteur Type 547. Le résultat ? Une victoire en classe, un signe clair que cette nouvelle configuration avait du potentiel. C’est également à cette occasion que le moteur acquiert son surnom : le moteur Carrera, en hommage à la célèbre course mexicaine.

Mais ce n’est que le début. Les ingénieurs Porsche poursuivent le développement de l’arbre vertical, améliorant continuellement les performances du moteur. En 1956, le Type 547/6, grâce à une compression accrue et de nouveaux carburateurs, atteint 135 chevaux à 7 200 tours par minute. Et l’année suivante, Umberto Maglioli remporte pour la première fois la Targa Florio au volant d’un 550 A Spyder équipé d’un moteur 547.

L'arbre vertical du moteur Porsche

Un moteur inoubliable

Les années 1960 marquent l’apogée de l’arbre vertical. Le moteur Type 547, qui a commencé sa carrière avec une cylindrée de 1,5 litre, passe à des versions plus puissantes, atteignant 180 chevaux et jusqu’à deux litres de cylindrée dans le modèle 904 Carrera GTS. En plus de dominer les courses de voitures de sport, il se fait également une place en Formule 1, contribuant à la consolidation de Porsche en tant que marque légendaire dans le monde du sport automobile.

Les succès de l’arbre vertical ne se limitent pas à ses performances mécaniques. Il incarne également l’ingéniosité et la vision de Porsche. Grâce à cette innovation, la marque a su se distinguer de ses concurrents en apportant une précision et une fiabilité exceptionnelles à ses moteurs. L’arbre vertical devient ainsi non seulement un élément technique révolutionnaire, mais aussi un symbole de la quête inlassable de Porsche pour la perfection.

Aujourd’hui, l’arbre vertical reste un exemple frappant de ce que peut accomplir une innovation discrète mais essentielle. Si de nombreux composants d’un moteur sont souvent oubliés, celui-ci a marqué l’histoire du sport automobile.