A la libération, un plan de relance de l’industrie automobile est mis en place. La vente des voitures est toujours interdite pour les français afin de favoriser les exportations et gagner des devises. A partir de 1946, des voitures emblématiques sont présentées et deviennent des succès commerciaux qui ont marqué plusieurs générations. On entre dans une ère qui changera la vie et la consommation des français. Mais pour l’heure le rationnement et les pénuries sont toujours à l’ordre du jour dans l’immédiat après-guerre.
Le plan Pons
A la sortie de la guerre, Paul Marie Pons, directeur adjoint de la direction des industries mécaniques et électriques établit le plan Pons afin de rationaliser l’industrie automobile française. A la libération, en France et comme partout en Europe, matières premières et énergie sont sous contrôle des ministères. Le gouvernement provisoire comprends rapidement l’importance de l’industrie automobile dans la relance économique sachant que pendant la guerre 75000 véhicules sont détruits ou usagés. Les français sont les seuls en Europe à mettre en place un plan quinquennal de l’automobile ou le plan Pons. L’idée principale est de diminuer le nombre de constructeurs automobiles, ce que d’ailleurs avait essayé de faire le régime de Vichy auparavant. Il y a 22 constructeurs de voitures de tourisme et 28 fabricants de camions.
Louis Renault est accusé d’avoir collaboré avec l’ennemi. L’entreprise Renault est confisqué par l’Etat. La nouvelle entreprise nationalisé est nommé « Régie nationale des usines Renault ». Une décentralisation est imposée pour arrêter l’extension industrielle sur place au profit des usines de province. Une reconversion des ateliers en activités tertiaires, une délocalisation des activités nuisibles et polluantes.
Berliet et Simca sont aussi inquiétés par la collaboration avec les allemands mais eux ne seront pas pour autant nationaliser.
Le plan Pons prévoit de regrouper les industriels autour d’un petit nombre de modèles de véhicules. Renault et Citroën sont jugés capables de produire seuls les véhicules tandis que Peugeot doit faire des camions Hotchkiss, Latil et Saurer. Berliet produit des camions avec Rochet-Schneider et Isobloc. Simca et Panhard sont à la tête de deux groupements GFA et UFA, rassemblant des petits constructeurs. Le plan Pons spécialise chacune des marques vers un ou deux créneaux commerciaux. La France choisit également d’orienter sa production vers l’exportation pour gagner des devises. Citroën vend 87 % de ses Traction Avant à l’étranger, submergé de commande, les délais de livraison s’allongent.
L’industrie automobile de la reconstruction a une volonté d’accroître leur production en fabricant de manière rationnelle et rigoureuse à l’image de ce qu’il se fait aux Etats-Unis. Renault incarne d’ailleurs cette américanisation de la production en passant de 300 4cv fabriquer par jour à 600 voitures par jour. Les nouveaux modèles de voitures françaises sont innovants et adaptés à la pénurie et aux conditions de roulage difficiles.
Le salon automobile de Paris 1946
Depuis 1938, le salon automobile de Paris est annulé. Cependant le pays est dans une situation économique désastreuse. Les matières premières pour la construction automobile sont en pénurie. Les premières voitures assemblées sont réservées pour les professions prioritaires et pour l’exportation. Le premier salon d’après-guerre donne aux français un sentiment d’espoir. Un million de visiteurs est au rendez-vous pour ce salon automobile de Paris de 1946. Quelques nouveautés sont présentées au public : la Renault 4cv et la Panhard Dyna x. Les constructeurs automobiles présents sont essentiellement français mais des marques étrangères sont aussi représentées tel que Skoda, Packard, Lincoln, Willys, Hudson, General Motors avec l’ensemble de ses marques Chevrolet, Buick, Pontiac, Cadillac et Oldsmobile. Les voitures américaines restent tout de même extrêmement chères pour les français mais elles sont représentatives d’une Amérique conquérante et moderne faisant rêver les gens.
La Renault 4cv, la première voiture populaire
La Renault 4cv est dévoilée au salon automobile de Paris en 1946 avec une couleurs jaune sable, seule couleur disponible à l’époque et des jantes laquées rouge vif. Cette couleur jaune est issue d’un vieux stock de peinture de l’Africakorps et lui vaudra le surnom de « motte de beurre ».
Elle a un moteur de quatre cylindres de 760 cm3 à soupapes en tête de 17 ch SAE placé à l’arrière. Elle est économique et simple. La boîte de vitesses a 3 rapports avec la 1ère non synchronisée. Elle peut atteindre les 110 km/h. Les premières 4cv sont dotées de flèches de signalisation et seront remplacées plus tard par des clignotants de type Jockey. Les vitres arrière sont fixes. Le succès de la 4cv est immédiat. Le carnet de commandes se remplit très vite. Elle est également présentée au salon automobile de Genève l’année suivante de sa sortie mais elle reste indisponible à la vente dans l’immédiat. La première 4cv sort des chaînes de montage le 2 août 1947. Les modèles fabriqués après août 1947 ont les vitres arrières mobiles et une bavette pare-boue à l’arrière de chaque roue avant. En 1948, la 4cv est disponible avec une peinture noire et en 1949, les flèches sont remplacées par les clignotants Jockey. Le toit est semi-bombé pour devenir complètement bombé en février 1949. Deux versions sont proposées : une version normale à 280 000 anciens Francs et une version luxe à 310 000 anciens Francs. Une version commerciale est également vendue dans une couleur noire. En 1949, la 4cv est la voiture la plus vendue en France.
« Il faut que les français puissent travailler et que disparaisse cette notion vraiment périmée de l’automobile objet de luxe, restant l’apanage des privilégiés de la fortune. L’exemple de l’Amérique est là pour nous montrer que l’automobile doit se démocratiser. Il faut des automobiles pour faire de notre pays et pour le plus grand nombre possible de ses habitants, une terre où il fasse à nouveau bon vivre. » Nous dit le patron de Renault en 1946.
La Panhard Dyna X, concurrente de la Renault 4cv
La Panhard Dyna X est une nouvelle voiture d’après-guerre, présentée au salon automobile de Paris en 1946. Panhard propose une voiture populaire à traction avant avec un moteur bicylindre refroidi par air et une carrosserie en alliage d’aluminium.
La Panhard Dyna X est une rivale de la Renault 4cv. Réputée pour ses qualités routières, son petit moteur sobre et nerveux, elle marque une nouvelle génération de la marque Panhard. A cause de son design particulier, elle est surnommé « Louis XV ». La Dyna X est disponible en trois types de carrosseries : berline, cabriolet et découvrable.
En 1946, la Dyna X a un moteur de 610 cm3 développant 24 cv à 4000 tr/min. Elle dispose d’une boîte de vitesses à quatre rapports.
La jeune Dyna qui « fait parler d’elle » forcera votre choix. Continuant la tradition de la perfection apanage de ses aînées, elle donne la solution du difficile problème de la qualité, devenu de notre temps celui de l’économie et de la sagesse. Notre passé (cent ans d’industrie) est garant de notre présent : la Dyna. Toujours et partout la même qualité.
Naissance d’un deux roues mythiques, le Vélosolex
Un premier prototype de Vélosolex est achevé en 1941. Il dispose d’un moteur de 38 cm3 sur une partie cycle de vélo homme. Sa couleur est déjà noire avec des filets d’or. Les premiers modèles définitifs ont un cadre différent. La partie cycle est ouverte, faite d’un unique tube en col de cygne. Le Vélosolex est commercialisé à partir de 1946 avec un moteur de 45 cm3 développant une puissance de 0,4 cv à 2000 tr/min. Le porte bagage est en fil de fer soudé, sur la partie avant on trouve une boîte à outils. En 1947, les bras de fourche arrière sont modifiés. Ils sont boulonnés à présent et non plus soudés. En 1949, la boîte à outils est disposée derrière le porte-bagages. Le Vélosolex est proposé à 13600 frs en 1946 puis à 19418 frs en 1949.
L’année suivante, le salon automobile de Paris dévoile une nouveauté de la marque Simca.
Le Baron Petiet, président de l’union routière de France est un défenseur de la vente libre des véhicules :
« Si l’on veut que les clients étrangers achètent des voitures françaises, et en particulier des voitures de luxes françaises, il faudrait tout de même qu’ils puissent voir de ces voitures dans les rues de Paris lorsqu’ils viennent en France ».
La Simca 6
La Simca 6 est une évolution de la Simca 5. Équipée d’un moteur de 569 cm3 développant 16 ch. Elle est présentée au salon automobile de Paris en 1947. La Simca 6 est produite en 1947 et 1948 qu’à quelques exemplaires. Il faut attendre 1949 pour que la production soit vraiment lancée. La Simca 6 ne s’impose pas sur le marché puisqu’elle est en concurrence avec la Renault 4cv, la Panhard Dyna X et la Citroën 2cv. Sa production est arrêtée en 1950.
A Paris, le salon automobile de Paris,qui fête son 50ème anniversaire, est inauguré par le Président de la République Vincent Auriol le 7 octobre 1948. Citroën présente une voiture d’une conception originale.
La Citroën 2cv, naissance d’un mythe
En 1948, la 2cv est dévoilée devant le président Vincent Auriol lors du salon automobile de Paris. Si les visiteurs se moquent de sa silhouette singulière et la trouvent moche avec sa capote qui se déplie comme une boîte de sardine, d’autres devinent en elle toutes les qualités qui manquent encore à de nombreux modèles de l’époque : simplicité, légèreté, agilité, confort et polyvalence. Pourtant, les journalistes sont guère sympathiques avec la Citroën 2cv, lui prédisant un avenir assez court. Et pourtant, la 2cv est une véritable concurrente avec un prix de 185 000 anciens francs contre 245 500 anciens francs pour la Renault 4cv et 350 000 francs pour la Panhard Dyna x. Dès les premiers jours, les commandes affluent.
Pierre Boulanger, directeur de Citroën, a l’idée en 1936 de créer une toute petite voiture. Il fixe un cahier des charges : « quatre roues sous un parapluie pouvant transporter un panier d’œufs à travers champs sans en briser un seul. » L’équipe d’André Lefebvre réalise un prototype. En 1939, environ 250 modèles de pré-série sont prêts pour le salon automobile de Paris mais celui-ci est annulé à cause du début de la guerre. Les véhicules sont volontairement détruits ou cachés. Après la guerre, Citroën reprend le projet. La 2Cv A a un moteur de 375m3 bicylindres 4 temps refroidi par air et ne consomme que 4 à 5 litres aux 100 kilomètres. La 2cv est adoptée par de nombreux français. Elle devient la voiture des agriculteurs comme des curés, des pères de familles comme des jeunes.
La Peugeot 203, la voiture familiale
A la sortie de la guerre, Peugeot récupère ses installations pillées par les allemands quelques temps avant la libération. Peugeot décide alors de concevoir une voiture familiale de taille moyenne et à cette époque sur ce créneaux, il n’y a que la Traction Avant et la Simca 8. La Peugeot 203 est présentée à la presse et aux concessionnaires en octobre 1947. La présentation au grand public se fait au salon de l’automobile de Paris en 1948. Le personnel de Peugeot bénéficie d’une remise pour pouvoir se l’offrir. Cette dernière dispose d’un moteur de 1290 cm3 développant 42cv avec une boîte de vitesses à quatre rapport. La Peugeot 203 a une ligne moderne inspirée des automobiles américaines. Un coffre volumineux permet d’accueillir jusqu’à 80 kg de bagages.
Elle est également vendues en différentes versions utilitaires :
La fourgonnette dispose de deux sièges amovibles, de deux portes, d’une charge utile de 600 kg. La roue de secours se situe derrière le siège conducteur.
La commerciale est une voiture 4 places avec une banquette arrière amovible. Une grande porte arrière permet de charger la marchandise facilement.
La camionnette est une version pick-up bâchée avec une charge utile de 850 kg grâce à son plateau à ridelles.
Son confort, sa tenue de route et sa fiabilité ont conquis la clientèle de Peugeot.
Lire l’article sur L’automobile dans les années 50 – épisode 1