Dans l’effervescence des années 80, l’industrie automobile a vu naître des modèles emblématiques qui ont marqué une génération. De la course à l’efficacité énergétique à l’innovation stylistique, trois voitures se sont distinguées dans ce tourbillon d’évolution : la Peugeot 309, la Renault 21 et la Citroën AX. Chacune d’elles incarne une vision unique de la mobilité, reflétant les aspirations et les défis de leur époque respective. Plongeons dans l’histoire de ces véhicules légendaires et découvrons comment ils ont laissé une empreinte indélébile sur le paysage automobile des années 80.
La Peugeot 309, c’est pas du cinéma !
Poursuivant sa stratégie de renouvellement de sa gamme lancée au début des années 80, Peugeot prend position sur un nouveau marché où il était absent auparavant celui des voitures de gamme moyenne, d’environ quatre m de long et en deux volumes.
Tout commence en octobre 1981, lorsque les premières études d’architecture et de style du projet, alors désigné par le nom de code C28, sont lancées. Les premiers essais sur route se tiennent en juin 1983, marquant ainsi le début d’une aventure qui allait changer la donne sur le marché automobile.
Elle est dans un premier temps “Talbot Arizona” puis dans la presse, elle est annoncée comme la “Peugeot 206” en 1985 pour finalement être la numérotation “309” qui est retenue.
Le 17 octobre 1985, la Peugeot 309 fait son entrée sur le marché en tant que première « compacte » moderne de la marque destinée à des conducteurs ayant une solide expérience dans l’automobile, soit 98 % des acheteurs ont déjà possédé une voiture . Exit la berline tricorps classique à quatre portes des Peugeot 304 et 305. La 309 adopte un hayon, avec une longueur de 4,05 mètres, la rendant 19 centimètres plus compacte que la 305 dans sa version berline.La Peugeot 309 hérite de la plateforme et des portières de la Peugeot 205. Ses parties avant et arrière sont étirées, et un hayon doté d’une bulle de verre caractérise son design singulier. Elle bénéficie également des études menées autour du programme VERA sur l’aérodynamisme et les économies de consommation, la 309 est une voiture de très vaste habitabilité intérieure mais avec une capacité de pénétration dans l’air de seulement de Cx 0,30 à 0,33 suivant les versions. Si l’arrière est ainsi ramassé et élevé ; si les enjoliveurs de roues sont de type “Full Cover” ; s’il existe des carénages sous le moteur et la partie arrière du plancher ; si le joint de pare-brise est plat, ce n’est pas pour céder à une quelconque mode mais bien pour faire de cette voiture un véhicule technologiquement moderne et capable d’une faible consommation de carburant sans que les performances soient impactés.
Lors de son lancement, la Peugeot 309 se décline en cinq niveaux de finition : Version de base, GL, GL Profil, GR, SR et GT. Sous le capot, quatre options de moteurs essence sont disponibles : un moteur de 1118 cm³ développant 55 chevaux, un 1294 cm³ offrant 65 chevaux, un 1580 cm³ développant 80 chevaux et enfin, un 1905 cm³ délivrant une puissance de 105 chevaux.
Après sa sortie en version cinq portes, la 309 se décline en version trois portes deux ans plus tard, en 1987. C’est à ce moment que la légendaire 309 GTI fait son apparition, animée par le moteur 1.9 litres de 130 chevaux provenant de la 205 GTI. La 309 GTI claque le 0 à 100 km/h en seulement 8 secondes et atteint une vitesse maximale de 205 km/h. En 1989, une évolution majeure survient : la 309 GTI adopte le moteur MI16 de 160 chevaux de la Peugeot 405, la propulsant ainsi au rang de 309 GTI 16. Cette redoutable sportive compacte fait l’admiration de la concurrence.
L’aventure de la Peugeot 309 prend fin en 1994, après avoir conquis les cœurs de nombreux automobilistes. Plus d’1,6 million d’unités se sont écoulées, témoignant de l’impact de cette icône des années 80 sur l’histoire de l’automobile.
La Renault 21, le souffle de la liberté
C’est au milieu de cette décennie que la Renault 21 fait son apparition, et elle ne tarde pas à captiver l’attention des automobilistes en quête de confort, de modernité et de style. Lancée en 1986 en tant que berline familiale, la Renault 21 se démarque par son style intemporel propre aux véhicules de l’époque, son équipement moderne et son habitacle confortable.
Présentée à la presse en février 1986, les journalistes imaginaient qu’elle serait nommée Renault 19 puisqu’elle remplace la Renault 18. Cependant, la surprise est de taille, c’est le chiffre 21 qui est choisi pour cette nouvelle voiture de la marque Renault.
Le design extérieur est signé du carrossier italien de renom, Giorgetto Giugiaro, célèbre pour avoir œuvré sur des véhicules emblématiques comme la Volkswagen Golf. Toutefois, les premières propositions pour la Renault 21 suscitent des débats en raison de leurs lignes angulaires. Le bureau de style de Renault intervient alors pour adoucir ces contours, tout en préservant le caractère rectiligne qui prévaut dans l’ensemble du design. La face avant, quant à elle, suggère l’aérodynamisme, ajoutant une touche de dynamisme à l’ensemble. À l’intérieur, les designers de Renault s’inspirent de l’expérience du R25 pour concevoir l’habitacle.
C’est au Salon de l’Automobile de Genève, en mars 1986, que la Renault 21 fait ses premiers pas devant le public. Dès son lancement, la R21 se décline en version 4 portes, proposant quatre motorisations essence, avec une plage de puissance allant de 68 ch à 120 ch, et six niveaux de finition (L, TS, GTS, TSE, RS et RX). Les amateurs de motorisations diesel ne sont pas en reste, avec deux options disponibles, chacune offrant différents niveaux de finition (TD, GTD, Turbo-D et Turbo-DX).
L’été 1986 voit la naissance de la Renault 21 Nevada, un break à l’empattement allongé de 18 cm par rapport à la berline. Arborant quelques centimètres de plus qu’une Renault 25, la Nevada se distingue par un espace de chargement spacieux, la banquette arrière pouvant être rabattue pour atteindre une longueur de plancher de plus de 2,10 mètres. Cette version est proposée en deux variantes : une configuration à 5 places et une autre à 7 places avec une troisième rangée de sièges. La culture populaire s’empare de la Renault 21 Nevada, la mettant en vedette dans le film « Les Tuches » ainsi que dans le troisième volet de la saga où Jeff Tuche, devenu président de la république, crée une voie de péage spécialement dédiée aux R21 Nevada.
Sensible à l’appétit des amateurs de vitesse et de performances, Renault ne tarde pas à proposer une version sportive : la R21 2L Turbo. Celle-ci devient rapidement une référence parmi les berlines sportives. Pour rivaliser avec les marques allemandes, Renault dote la R21 d’un moteur 2L Turbo suralimenté par un turbocompresseur. De surcroît, la gestion électronique du moteur en alliage léger de 1995 cm³ est à la pointe de la technologie. Avec des freins à disques, un système ABS, une suspension abaissée et de nouvelles suspensions, la R21 offre une tenue de route, un freinage et des performances hors pair. Dans les années 80, la gendarmerie adopte cette version pour ses brigades rapides d’intervention, afin de traquer les excès de vitesse. En 1988, deux Renault 21 2L Turbo 4×4 se lancent dans le championnat de France superproduction, pilotées par Jean Ragnotti et Jean-Louis Bousquet, remportant six victoires sur les dix courses au programme.
Durant l’été 1989, la Phase 2 de la Renault 21 fait son entrée sur le marché, dévoilant une variante 5 portes à hayon arrière. Cette nouvelle version est disponible avec une pléiade de motorisations, allant du modeste 1,4 litre essence au puissant 2 litres essence de 120 ch, sans omettre les déclinaisons diesel.
Le renouveau s’exprime à travers des retouches stylistiques audacieuses tant à l’avant qu’à l’arrière, dans une esthétique plus contemporaine. L’intérieur, quant à lui, connaît une métamorphose profonde avec des modifications majeures apportées à la planche de bord et aux habillages intérieurs. Le tableau de bord numérique, désormais révolu, disparaît pour laisser place à une nouvelle vision.
Une version sportive de la Renault 21 apparaît, la TXI, comblant le fossé entre les finitions TXE et 2L Turbo. Une nouveauté intrigante émerge avec une variante inédite, animée par un moteur 2 litres essence Douvrin à 3 soupapes par cylindre (injection électronique multipoint), développant 140 ch sans catalyseur et 137 ch avec. Toutefois, la disparition momentanée du moteur 2,1 diesel atmosphérique est notable. Renault, dans un contexte où la demande de moteurs diesel connaît un essor, privilégie son affectation à la Renault 25. Pour combler ce vide, une solution transitoire est déployée, adoptant le moteur atmosphérique F diesel (type F8Q) avec légèrement moins de puissance et de couple. Cette version est baptisée SD et GSD. La transmission intégrale, arborant le nom de Quadra ou Allrad selon les marchés, s’ajoute au tableau des options disponibles et proposée à la fin de l’année 1989 pour les versions TXI et 2L Turbo. Parallèlement, les versions TL se retirent progressivement de nombreux marchés, tandis que la direction assistée s’impose comme une caractéristique de plus en plus généralisée à partir des finitions intermédiaires. Cette nouvelle phase de la Renault 21 marque une période de transformations substantielles et d’ajouts captivants, élargissant davantage l’horizon des choix offerts à la clientèle de Renault.
La R21 Baccara est commercialisée à partir de l’été 1991. Cette version haut de gamme est dotée d’un moteur de 2 litres 120 ch et bénéficie d’une finition soignée avec une sellerie en cuir, de la climatisation automatique et d’inserts bois dans les garnitures de portes.
En avril 1992, un vent de changement souffle sur les dénominations de la Renault 21, segmentant ainsi les versions. Prima représente l’entrée de gamme, Manager occupe le créneau intermédiaire et Alizé incarne le summum de l’équipement luxueux.
L’année 1994 sonne le glas de la production de la Renault 21 essence en Europe, cédant ainsi le flambeau à la Renault Laguna. Toutefois, la production perdure dans divers pays, dont l’Argentine, la Colombie et la Turquie. La version Diesel continue sa production jusqu’à la fin de cette même année, tandis que la R21 Nevada, version break, perdure jusqu’en 1995. Symbole de modernité et de confort à l’époque, la Renault 21 reste ancrée dans les mémoires. Aujourd’hui, ce sont les Renault 21 propulsées par le moteur 2L Turbo qui suscitent l’enthousiasme chez les passionnés, perpétuant ainsi son héritage indémodable.
La Citroën AX, la voiture de ceux qui mettent pas tout leur argent dans une voiture
Citroën dévoile le projet S9 en 1981, simultanément à la transformation de la Visa en Visa II et à l’adoption d’une finition Charleston pour la 2CV. Ce projet novateur avait pour but de répondre aux rigoureux critères Eco 2000 visant à minimiser la consommation énergétique des véhicules. Bien que le premier prototype ait amorcé un design monocoque, cette orientation fut rapidement abandonnée, marquant ainsi le début d’une nouvelle approche.
La Citroën Ax est présentée au salon automobile de Paris en Octobre 1986. La vision de Citroën était claire : concevoir un véhicule économique et contemporain en axant ses efforts sur la réduction des masses. La résultante est frappante : une AX arborant fièrement un poids de 640 kg pour une longueur de 3,5 mètres. Son habitabilité est contenu grâce à la réduction du compartiment moteur.
La sortie de la Citroën AX s’est faite avec une configuration à 3 portes, offrant trois choix de motorisations : le TU9 de 954 cm³ développant 45 ch, le TU1 de 11254 cm³ avec 55 ch, et le TU3 de 13600 cm³ produisant 65 ch. Impressionnante en efficacité énergétique, l’AX ne consomme que 3,9 litres pour 100 kilomètres parcourus (à 90 km/h), tout en atteignant une vitesse maximale dépassant les 160 km/h.
A partir de mars 1987, l’AX est décliné dans une version sportive. L’AX sport est uniquement disponible en blanc propulsée par un moteur de 1294 cm³ développant 95 ch. Quelques mois après, la commercialisation de l’AX GT avec un moteur de 1360 cm³ produisant 85 ch vient élargir la gamme.
En septembre 1987, le succès de la Citroën Ax est incontestable auprès de la clientèle de la marque, la commercialisation de la version 5 portes dont elle garde les mêmes dimensions a grandement contribué à son succès. L’année 1988 marque l’intégration du moteur Diesel de 1360 cm³, suivi d’un relooking de l’AX Sport dans le style de la version GT, notamment au niveau de son tableau de bord, des jantes et du choix de teintes de la carrosserie. La série 2 de l’AX Sport se pare d’un liseré sur les flancs de la carrosserie.
En mars de cette même année, une série spéciale « K-Way » est lancée, offrant des versions à 3 et 5 portes en mai 1989. Cette édition spéciale propose deux motorisations : un 954 cm³ de 45 ch et un Diesel de 1360 cm³ développant 53 ch. Tout au long de sa carrière, l’AX se diversifie avec une gamme de séries spéciales, allant de la Hit FM de 1987 équipée d’un autoradio aux AX Thalassa, Ten, En Vogue, Furio, Reflet, Miami, Club, First, Volcane, Olympique, Saxo, Escapade, Caban, Image, Air France Madame, Tonic, Audace, Prestige, Harmonie, Mutine, Piste Rouge (en version 4×4), Salsa, Okay (pour le marché belge), Séduction, et même Spot.
Le 15 janvier 1990 marque la production de la millionième Citroën AX. En 1991, des retouches sont apportées au design de l’AX, avec des lignes plus adoucies et de nouvelles teintes. Le logo est repositionné au centre du capot, contrairement à la phase 1 où il était excentré. Les cabochons de clignotants adoptent désormais une teinte blanche. L’amélioration de la qualité du tableau de bord, considéré comme fragile sur la phase 1, est également notable.
D’autres variantes de l’AX font leur entrée sur le marché, dont la version AX GTI de 100 ch, rivalisant directement avec la 205 GTI. La version AX 4×4, équipée d’une transmission intégrale et d’un moteur de 1360 cm³, fait également son apparition. En 1992, l’AX Exclusive voit le jour pour rivaliser avec la Supercinq Baccara et la 205 Gentry. Offrant un équipement luxueux incluant climatisation, intérieur en cuir, freinage ABS, jantes en alliage léger et carrosserie gris Gabion métallisé, cette version arbore le moteur de l’AX GT. En 1993, la gamme de Citroën AX adopte de nouvelles appellations : la version X remplace les E, First et Club, la SX remplace la version Caban et le VSX remplace la version Allure.
Citroën ne s’arrête pas là, développant une version électrique de l’AX en 3 portes et 5 places, d’une élégante teinte vert vega. Capable d’atteindre une vitesse maximale de 91 km/h avec une autonomie en roulage urbain de seulement 75 km, cette version s’inscrit dans la tendance croissante du développement de voiture électrique dans les années 90.
En 1996, Citroën présente la Saxo, une voiture partageant des similitudes avec la Peugeot 106, bien que son prix soit supérieur à celui de l’AX. Citroën poursuit néanmoins la commercialisation de l’AX, la mettant à jour avec une nouvelle calandre et en intégrant le volant de la Saxo, jusqu’en 1998.
Crédit photos : Citroën, Peugeot, Renault, Wikimedia Commons, Vintage Road Trip
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Focus sur l’automobile dans les années 80
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