Peugeot 402 Andreau : l’aérodynamique avant l’heure

Dans les années 30, il était inhabituel de voir une voiture porter le nom de son concepteur. Pourtant, la Peugeot 402 Andreau fait exception, témoignant du rôle déterminant joué par l’ingénieur Jean Andreau dans l’évolution de l’automobile. Visionnaire, il a osé transposer les principes de l’aérodynamique, jusque-là réservés à l’aviation, à une berline familiale de grande série.

En 1934, Peugeot confie à Jean Andreau, ingénieur des Arts et Métiers, la conception du véhicule expérimental 402 n4x afin d’améliorer les performances de la 402 tout en réduisant sa consommation de carburant. Pour y parvenir, l’ingénieur applique à l’automobile des concepts jusqu’alors inédits : une silhouette en forme de goutte d’eau, un pare-brise panoramique, des vitres sans montants, des ailes carénées et des roues intégrées. Autant d’éléments qui deviendront courants bien des années plus tard.

Le résultat est stupéfiant : grâce à une réduction drastique du coefficient de traînée (passant de 0,68 à 0,34), la voiture atteint 140 km/h, soit 25 km/h de plus que le modèle standard, tout en consommant 30 % de carburant en moins. Une prouesse technique pour l’époque.

Un design avant-gardiste

Déjà révolutionnaire dans sa version de série, la Peugeot 402, dessinée par Henri Thomas, affiche un style fluide inspiré du courant Streamline Moderne. Avec le prototype Andreau, cette recherche d’efficacité est poussée à l’extrême, au point que certaines audaces stylistiques, comme une imposante épine dorsale stabilisatrice à l’arrière, suscitent des réactions partagées. Mais l’essentiel est ailleurs : pour la première fois, l’aérodynamique n’est plus l’apanage des voitures de course ou de l’aviation. Elle devient un critère central dans la conception d’une automobile de grande diffusion.

Présentée au Salon de Paris en 1936 sous le nom « Année 1940 », la Peugeot 402 Andreau incarnait la vision du futur de l’automobile. Malheureusement, la Seconde Guerre mondiale met un frein à ces avancées. Sur les cinq exemplaires produits, un seul a survécu au conflit et est aujourd’hui conservé au musée de l’Aventure Peugeot à Sochaux.

Avec la 402 Andreau, Peugeot ouvrait la voie à une automobile plus efficiente. Une leçon qui, près d’un siècle plus tard, résonne plus que jamais à l’heure de la chasse au moindre gramme de CO2.