Dans le monde des collectionneurs, certains passionnés consacrent leur temps à restaurer des véhicules anciens. C’est le cas de Bernard, un collectionneur de poids lourds et d’utilitaires, qui possède un Renault 2 t. 5 de 1952. Ce véhicule, témoin d’une époque où la robustesse et la fonctionnalité primaient, a connu un destin mouvementé avant d’être sauvé de l’oubli.



Avec seulement 16 000 km d’origine, ce Renault 2 t. 5 commence sa vie dans une caserne de pompiers. Malheureusement, une panne mécanique l’immobilise : une bielle coulée, nécessitant un régulage. Suite à cet incident, le camion est abandonné chez un garagiste pendant plusieurs années avant d’être racheté par un nouvel acquéreur. Ce dernier, bien décidé à lui donner une seconde vie, fait réparer le moteur en faisant réguler la bielle et l’utilise annuellement pour transporter du bois.

Cependant, avec l’âge, le propriétaire doit renoncer au transport de son bois, et le véhicule est stocké pendant une décennie sur un terrain en pente, immobilisé avec des freins serrés. Le Renault 2 t. 5 semble voué à l’oubli jusqu’au jour où son propriétaire cherche un acquéreur intéressé pour le récupérer.
Bernard, bien que sceptique au départ, se laisse convaincre d’aller voir le véhicule. Ce qu’il découvre n’est pas très encourageant : un camion en mauvais état. Les marchepieds manquent, le plancher et la cabine sont pourris par les années d’exposition aux intempéries. Malgré cela, sa passion pour les véhicules anciens l’emporte, et il fait appel à un transporteur pour rapatrier le Renault 2 t. 5 chez lui.

Une restauration minutieuse du Renault 2 t. 5
Bernard a réalisé une restauration complète du Renault 2 t. 5 tant au niveau de la carrosserie que de la mécanique. Il a remplacé le plancher, les ridelles et les bois. Une bâche neuve a aussi été installée.






Côté mécanique, le véhicule a subi un grand nombre d’améliorations. La pompe à essence a été remplacée, ainsi que les courroies, l’alternateur, la bobine et le démarreur. Les freins ont également été révisés pour garantir une conduite en toute sécurité. Le radiateur a été démonté puis soigneusement nettoyé.
Bernard a pris la décision de convertir le véhicule de 6V à 12V. Il a également modifié le système de clignotants, remplaçant les flèches par des clignotants latéraux afin d’améliorer la visibilité. Le moteur d’essuie-glace a été remplacé, tout comme les joints de portes pour améliorer l’étanchéité et le confort.





Les cylindres de roues et les pneus ont été changés, assurant une meilleure adhérence et sécurité. Le véhicule bénéficie d’un nouveau pot d’échappement. Bernard a aussi rebouché les trous de fixation du gyrophare sur le toit, afin de lisser l’apparence de la carrosserie.
Initialement rouge pompier, le Renault 2 t. 5 a été repeint dans une teinte gris clair, avec un liseré crème, fidèle aux couleurs d’époque. Un strapontin, qui était présent entre le siège conducteur et passager à l’origine, a été retiré. Bernard a pris cette décision car il gênait le passage de vitesses et rendait son utilisation inconfortable.





Le Renault 2 t. 5, un modèle emblématique
Le Renault 2 t. 5 est un véhicule emblématique de l’après-guerre. Conçu pour être à la fois robuste et maniable, il se distingue par un empattement court (2,44 m), une longueur totale de 5,20 m et un angle de braquage permettant de tourner dans un cercle de 5,45 m de rayon. Ces caractéristiques lui confèrent une maniabilité en milieu urbain, tout en offrant une grande capacité de charge. Il adopte le nom de Galion qu’à partir de 1958-1959.
Sous le capot, on retrouve le moteur « 85 », un bloc 4 cylindres (85 x 105 mm) d’une cylindrée de 2 383 cm3, qui équipe beaucoup de véhicules de la marque Renault à l’époque. Sa conception repose sur une cylindrée raisonnable plutôt que sur une vitesse de rotation élevée, garantissant une fiabilité exemplaire. Le plateau surbaissé facilite le chargement et assure une grande stabilité grâce à un centre de gravité bas.
L’intérieur de la cabine avancée, quant à lui, a été pensé pour améliorer les conditions de travail du conducteur et du livreur, preuve que Renault avait déjà à cœur le confort et l’ergonomie de ses véhicules.
Aujourd’hui, grâce à la passion et à la patience de Bernard, ce Renault 2 t. 5 de 1952 a retrouvé une seconde jeunesse. Il incarne le savoir-faire de Renault en matière de véhicules utilitaires et rappelle une époque où chaque camion avait une histoire à raconter. Sauver de tels modèles, c’est préserver un patrimoine routier inestimable. Un bel hommage rendu à ce monument de la route, qui continue d’émerveiller les passionnés d’aujourd’hui.