Dans l’effervescence automobile des années 1950, un drôle de petit véhicule fait son apparition et attire immédiatement la curiosité. Il s’agit de la Zündapp Janus 250, un modèle unique en son genre, mi-utilitaire, mi-familiale, à la fois ingénieux et attachant.
À l’origine de cette voiture pas comme les autres se trouve le constructeur aéronautique allemand Dornier, qui, cherchant à se diversifier après la guerre, imagine une voiture compacte et innovante baptisée « Delta ». Présentée en 1955 au Salon de Francfort, elle séduit par sa conception audacieuse. Mais ce n’est qu’après le rachat du brevet par Zündapp, célèbre fabricant de motos, que le projet prend son envol. Rebaptisée Janus, elle est dévoilée au public au Salon de Paris en 1957.


Une voiture… symétrique !
La Zündapp Janus fascine d’abord par sa symétrie quasi parfaite : si on la coupe en deux au centre, on obtient deux parties presque identiques, à l’exception du volant et des phares. Elle est équipée de deux portes placées à l’avant et à l’arrière, qui s’ouvrent chacune dans leur direction, à la manière de l’Isetta. Contrairement à cette dernière, le volant n’est pas fixé à la porte frontale, facilitant l’accès à bord.


L’habitacle abrite deux banquettes dos à dos, permettant d’accueillir quatre passagers. Une configuration peu commune, qui ne gêne pas en usage urbain mais peut s’avérer moins confortable sur long trajet pour les passagers arrière, assis dos à la route. En version deux places, la Janus se transforme en petit utilitaire, avec un espace arrière suffisant pour transporter des bagages ou du matériel, ce qui en faisait un véhicule apprécié des artisans et commerçants allemands de l’époque. Atout supplémentaire : les banquettes sont convertibles en couchette, une fonctionnalité très prisée par les amateurs de camping.

Une mécanique modeste mais ingénieuse
Sous cette carrosserie autoportante se cache un petit moteur monocylindre horizontal de 248 cm³, placé au centre du véhicule. Il développe 14 chevaux à 5 200 tr/min, ce qui permet à la Janus d’atteindre 85 km/h en pointe et de maintenir une vitesse de croisière de 75 km/h. Avec une consommation de 5 litres aux 100 km, elle reste économe, fidèle à son esprit pratique.
La transmission, composée d’un levier sélecteur souple à la main gauche et d’une boîte à quatre rapports, est secondée par un cadran répétiteur indiquant la vitesse engagée. L’ensemble est fluide et agréable à manier.





Un confort surprenant pour sa catégorie
La suspension à bras oscillants, proches de ceux de la Citroën 2CV, offrent un confort remarquable. Les amortisseurs hydrauliques télescopiques absorbent les irrégularités de la chaussée avec brio. Même sur des pavés, la Janus reste stable, sans balancement excessif.
Côté tenue de route, la voiture se montre étonnamment sûre et stable, grâce à la disposition centrale de son moteur et à sa suspension bien pensée. La direction est douce, précise, idéale pour les manœuvres en ville. Les freins hydrauliques à ailettes assurent une efficacité constante, et le frein à main assure un bon maintien à l’arrêt.
Certes, la Zündapp Janus n’est pas exempte de défauts : le moteur est bruyant et la carrosserie mal insonorisée. Mais ces petites faiblesses sont largement compensées par son caractère unique, son ingéniosité et le confort inattendu qu’elle procure pour une voiture de sa catégorie.
Aujourd’hui, la Zündapp Janus 250 est une véritable curiosité dans l’univers des véhicules anciens. Son design singulier, sa polyvalence et sa conception audacieuse en font une pièce de collection originale et attachante, qui continue de séduire les amateurs de voitures hors du commun.
Crédit photos : RM Sotheby’s, archives personnelles